L’Eglise espagnole, soumise à de vives critiques en raison de son refus d’entamer une enquête générale sur la pédocriminalité en son sein, a annoncé lundi un audit extérieur par un cabinet d’avocats pour recueillir les témoignages des victimes.
Ce cabinet « ouvrira une voie indépendante pour recevoir d’éventuelles dénonciations, passera en revue les procédures légales visant à sanctionner les pratiques délictueuses et offrira sa collaboration aux autorités pour aider à éclaircir les faits et établir un système de prévention qui réponde aux demandes de la société à ce sujet », précise dans son bref communiqué la Conférence épiscopale espagnole (CEE).
Cet audit constitue la première initiative en la matière de l’Eglise espagnole, soumise à de très fortes pressions de la part des associations de victimes qui l’accusent d’opacité.
A la différence d’autres pays comme les Etats-unis, la France, l’Allemagne, l’Irlande et l’Australie, les agressions sexuelles commises sur des mineurs par des religieux catholiques n’ont, pour l’instant, fait l’objet d’aucune enquête officielle d’ampleur en Espagne, que ce soit de la part de l’Église ou de l’Etat.
Mais le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez a récemment proposé la création d’une commission d’experts sur le sujet, qui devra être votée par la Chambre des députés.
Celle-ci doit aussi examiner une demande d’enquête parlementaire sur le même thème formulée par le petit parti de gauche radicale Podemos, partenaire des socialistes au sein de la coalition gouvernementale, et deux partis indépendantistes de gauche.
L’Église, qui a seulement reconnu 220 cas de pédocriminalité depuis 2001 en Espagne, assure avoir mis en place des protocoles pour faire face aux violences et des formations pour les personnes travaillant avec les jeunes. Elle a également versé des indemnités à certaines victimes, mais celles-ci critiquent le manque de transparence à propos des critères retenus.
Dans ce pays de très forte tradition catholique, plus d’un million et demi d’enfants étudient dans quelque 2.500 écoles catholiques, selon les chiffres de 2020 de la CEE.
La rédaction (avec l’AFP)